Ivre de steppes un hiver en Mongolie de Marc Alaux – Transboréal
Rédigé le 21 février 2019
Le temps d’un hiver, Marc Alaux a décidé de vivre le quotidien des éleveurs nomades bayad, un peuple qui vie dans les montagnes de l’ouest de la Mongolie, dans la province d’Uvs qui est la province la plus froide du pays. Il va passer trois mois dans le commandement et sous la yourte d’une famille modeste. Il va vivre au rythme de la famille et exécuter les tâches qui incombent à tout nomade, mener le troupeau aux pâturages, nettoyer la bergerie… À force, Marc devient un expert en Argal ( excrément d’animaux qui sert de combustible pour allumer le poêle ).
Premières phrases
Il gèle à pierre fendre dans le vallon pourtant protégé des vents du nord. Tout y paraît figé. Je me tiens moi-même immobile en regardant le 4×4 d’éloigner dans l’ombre. Ses occupants m’ont déposée dans un campement d’éleveurs nomades dont j’ignore l’emplacement exact et dont un regard suffit à faire le tour : une yourte et une bergerie blottie contre les rochers. Rien de plus avant le labyrinthe des collines qui courent sur des kilomètres. Le soleil couchant annonce un soir de décembre comme les autres en Mongolie. Sauf pour moi, qui vais cantonner là tout l’hiver.
Pourquoi ce livre
La Mongolie est un pays qui me fascine, toutes ses steppes désertiques me font rêver. Alors quand Marc Alaux, grand amoureux de ce pays, nous propose le récit de son expérience d’un hiver dans un campement nomade, forcément qu’il me fallait lire ce livre. D’autant plus que l’auteur est très sympathique et son écriture délicieuse.
C’est toujours un plaisir de se plonger dans un récit de chez Transboréal, et encore une fois avec « Ivre de steppes » je ne suis pas déçue.
Ici, Marc ne nous emmène pas en vadrouille à travers les steppes mongoles comme il a pu le faire dans son premier livre « Sous les yourtes de Mongolie », mais il nous partage le quotidien d’une famille nomade. C’est une expérience très intéressante et enrichissante qu’il a vécue et qu’il nous raconte avec une écriture précise et très agréable à lire.
Une expérience pas forcément comprise par les locaux, qui se demandent pourquoi un Européen avec tout le confort moderne viendrait subir le froid extrême volontairement, c’est pour cela qu’il leur a expliqué qu’il était là pour écrire un livre, même si au départ ce n’était pas le cas, cela évite les questions. Marc aime la Mongolie jusqu’au plus profond de lui et il voulait vivre cette expérience pour en apprendre encore plus.
Pendant tout son séjour, il s’est montré volontaire et n’a rechigné à effectuer aucune tâche, même les plus ingrates.
J’ai appris beaucoup de choses pendant ma lecture et particulièrement la place des femmes dans la société mongole.
P33
« Les Mongoles se vantent d’avoir une place centrale dans la société ; c’est vrai, elles sont au centre de tout, mais parce que, pour faire bref, elles prennent part à tout. D’aucuns diraient qu’elles font tout, du moins sont-elles incontournables. »
J’ai aussi été surprise de découvrir que finalement, ce n’est pas parce que tu vis dans un endroit isolé que tu es seul. Les voisins sont omniprésents et tous les jours il y a du passage. Entre les nombreux voisins et les membres de la famille, pas d’intimité sous les yourtes.
Le seul moyen d’être seul, c’est de partir mener le troupeau dans les pâturages. Ici, les amoureux de la solitude seront servis.
P63
« Le froid fait passer la yourte pour un domaine enchaîné. Mais son espace unique ne compte ni rideau ni cloison. Rien ne s’y dresse entre moi et les autres, rien ne m’en isole. »
P34
« La steppe se livre au preux : la vie y est le refus des simulacres ; la vertu s’y conquiert dans la sueur. Pour s’en satisfaire, il faut placer l’idéal du campement au-dessus de son bonheur personnel. Habiter la steppe impose de se soumettre à une loi qui dépasse et unit la communauté. L’homme mongol n’existe que par elle. »
Avec sa belle écriture, Marc Alaux nous raconte son séjour, 3 mois à apprendre et partager. 3 mois d’où on revient changé. Le récit est agrémenté de nombreuses notes (regroupées en fin d’ouvrage) qui permet, si on le souhaite, d’approfondir le sujet sans entraver la lecture.
Le livre est assorti d’un joli carnet photographique et chaque début de chapitre est orné de symboles mongols.
À chaque fois que je lis un récit de voyage, je ne peux m’empêcher de me demander si j’aurais envie de vivre cette expérience, ici malgré l’enrichissement que cela doit être de vivre avec ces nomades, il me faudrait ma propre yourte parce qu’entre les rots, les pets, le téléphone, la TV non-stop je ne pourrais pas:) je crois que je passerai mon temps dans les pâturages mêmes par -30°C 🙂
Alors si vous aimez la Mongolie (ou pas), si vous avez envie de voyage, n’hésitez pas à lire ce récit, dépaysement glacial garanti.
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